Deux événements historiques, précédent la fondation de notre château, expliquent pourquoi un donjon trône sur une motte de terre au milieu du village.
– Lors de la signature du traité de Saint-Clair-sur-Epte, en 911, le viking Rollon reçoit de la part du roi des Francs, une partie de la Neustrie (de la rivière Epte jusqu’à la Manche). Cette terre «indépendante» va devenir le duché de Normandie.
– Lors du couronnement de Guillaume le Conquérant, à Londres en décembre 1066, ce dernier, qui est déjà duc de Normandie, devient roi d’Angleterre. Guillaume peut donc rivaliser avec Philippe Ier, le roi des Francs. Cette situation va envenimer les relations entre les deux monarques et l’Epte, qui sert de frontière, deviendra une zone de friction.
Orderic Vital, moine historien, rapporte dans une de ses chroniques, que Guillaume le Roux, roi d’Angleterre, souhaitant fortifier la frontière orientale de son duché de Normandie, fait construire à la fin du XIe siècle un «Novum Castrum» -Châteauneuf- à Fuscelmont (premier nom de la commune). Le chroniqueur, Robert de Torigni, place Châteauneuf dans une liste de fortifications qu’il attribue au roi d’Angleterre, Henri Ier Beauclerc (vers 1135). Cette écart d’une quarantaine d’années pourrait signifier qu’une campagne de reconstruction a été initiée par Henri Ier à Châteauneuf. Pour sa part, le roi, Henri II Plantagenêt, fait réaliser d’importants travaux au château (documents datés de 1180 et 1184), améliorant ses défenses et notamment celles de la cour noble. Une décennie plus tard (en 1193), le roi de France, Philippe II Auguste, récupère le château. Rappelons-nous qu’en 1119, un autre roi de France, Louis VI le Gros, essaya de s’emparer du château, mais sans succès. Devenue place forte française, Châteauneuf perd son rôle de poste frontière surveillant l’ennemi, de l’autre côté de l’Epte.
La guerre de Cent Ans (1337-1453), conflit opposant de nouveau les français aux anglais, verra ces deniers revenir en force en Normandie. Durant cette guerre, Châteauneuf passera, à de nombreuses reprises, d’un camp à l’autre. C’est peut-être durant la longue occupation anglaise, au début du XVe siècle, que date la tentative d’installation d’un pont-levis sur la tour-porte ouest (celle par où vous entrez).
Un autre détail architectural peut témoigner de la période d’insécurité de la région durant les guerres de Religion (1562-1598) : les arquebusières percées dans la muraille, défendant la base du donjon (la chemise), au sommet de la motte.
En 1647, le cardinal Mazarin, afin d’imposer le pouvoir central du jeune roi Louis XIV ordonne le démantèlement des châteaux appartenant aux seigneurs hostiles au pouvoir royal. Le donjon de Châteauneuf sera détruit et les tours-portes écrêtées. Le château devenu inoffensif sera transformé en ferme, fonction qu’il gardera jusqu’au début des années 2000.
C’est en 2015 que les membres de l’association Héritage Historique vont croiser le chemin de la forteresse. En une dizaine d’années, les arbres ont poussé, les lierres ont grimpé aux murs, les ronces et les orties ont colonisé la place. Pour le bâti, les murs se sont fragilisés, fissurés pour certains. Les toitures se sont effondrées. Il est grand temps de prendre soin de cette vieille dame.
Dans un premier temps, les bénévoles dévégétalisent le site car il faut tout nettoyer (la cour, les fossés, la motte). En 2018, les premiers travaux de maçonnerie débutent. La consolidation du bâti en danger est lancée (chemise au sommet de la motte, angle de la grange, courtine ouest, tour-porte de la cour noble…)
En août 2020, Châteauneuf est l’un des monuments bénéficiaires du Loto du Patrimoine, créé par Stéphane Bern. Ces fonds, plus ceux apportés par d’autres fondations, vont permettre la «mise en tourisme» de la tour-porte ouest (remontage des parapets et des circulations -planchers et escaliers-), la consolidation de la muraille nord-est (celle qui a souffert de l’incendie des années 1970), la sauvegarde du logis des XVIIe / XVIIIe siècles et la réfection de la toiture de la grange.
Mais la tâche reste immense. C’est pour cela que tous les mois, le second week-end, les bénévoles se retrouvent au château pour travailler à la préservation de ce monument.
Au terme des restaurations, l’association aimerait installer dans ces murs un centre culturel d’interprétation médiéval qui permettra de redonner vie au château. Le visiteur, en complément des parties historiques, architecturales et archéologiques pourra retrouver l’ambiance et l’authenticité des lieux avec l’intervention d’artisans qui auraient pu travailler dans la forteresse à l’époque médiévale. Pour cela, nous vous donnons rendez-vous dans quelques années…
Si vous voulez en savoir plus, devenir bénévole pour participer à l’aventure, ou membre bienfaiteur, vous pouvez aller sur la page internet de l’association : www.chateaunormand.fr
Contacts : heritage.historique@gmail.com ou le 06.82.45.17.82